En Solex vers le Jamboree scout !

En juillet dernier, un rassemblement international de 15000 scouts (« jamboree » en zoulou) a eu lieu à Strasbourg. Pour y arriver de façon personnalisée, les 24 pionniers-caravelles (14-17 ans) d'Angers-Avrillé ont adopté le...Solex ; pour une partie du trajet toutefois. Récit de l'aventure et des péripéties par une participante.

    Cet été, un Jamboree était organisé à Strasbourg. Un moment fort du mouvement scout qui a lieu tous les six ans, riche en rencontres, en réflexions, en joie et en chants. Décidés à le vivre intensément, l'idée nous est venue de rallier Strasbourg depuis Angers. A vrai dire, c'est dans la tête de trois jeunes que ce projet fou a germé durant le camp de l'été 2014, le groupe a vite été conquis, et nos chefs ont validé.

    La réalisation s'est révélée complexe : plus de 1000 km sur une semaine avec une vitesse moyenne de 25 km/h, sans compter les pannes. Inimaginable ! Nous nous sommes alors restreints à Angers-Paris en Solex, puis Paris-Strasbourg en car.

    Restait l'essentiel, trouver des Solex, les financer, les réparer. Nous avons donc dû nous réunir de nombreuses fois pour nous organiser, préparer notre camp. Ce fut une année où aucun d'entre nous n'a chômé, des commissions ont été constituées : recherches de petits boulots, communication (parution d'articles dans Ouest-France, Le Courrier de l'Ouest et Angers-Télé) et surtout réparations des Solex. Toutes ces épreuves ont été surmontées (eh oui !) !

    Mercredi 8 juillet, grand départ sous les caméras d'Angers-Télé et l’oeil protecteur de nos familles. Notre destination : Paris (plus exactement Gometz-la-Ville, dans les Yvelines), environ 300 km à Solex, mobylettes et vélos, soit environ 50 km par jour pendant 6 jours.

    La première étape fut Solesmes, à côté de Sablé-sur-Sarthe. Petite distance mais grande joie et le plein d'émotions, de courbatures et de fatigue ! Le lendemain, direction Le Mans, où nous sommes arrivés, lessivés. Au cours de ces deux journées, nous avons aussi constaté le nombre important de réparations : des réservoirs cassés, des freins à resserrer, des roues-avant qui se sont échappées (heureusement, pas de blessés) mais le nombre de bécanes utilisables a commencé à se faire restreint.

    Troisième jour : c'est la grande étape, Frétigny ! Un parcours de plus de 80 km dans les collines du Perche ; dur pour les mollets des cyclistes et pour les moteurs de nos engins. Heureusement, le camion ravitaillement et mécanique nous suit en permanence, conduit par un de nos chefs, pour nous dépanner et ressourcer. Les jours suivants, direction Chartres puis Dourdan, heureux contraste, nous circulons dans la Beauce, sans peine : le terrain est plat et peu passager. Nous sommes tranquilles et pénards au milieu des champs de blés. Et puis nous approchons de la fin de notre périple, la tension redescend. Il ne nous reste plus qu'une minuscule étape vers Gometz-la-Ville pour un temps de pause dans notre folle aventure : une vingtaine de kilomètres et nos bécanes ont bien tenu le coup ! Alors ces soirs-là, une veillée bien méritée nous détend, avec au programme : création de chants, grands jeux de nuit...

    Gometz, en banlieue parisienne, fin du périple deux-roues et break de trois jours avant la grande rencontre ! Au menu : repos, détente, lessives, promesses (engagement scout) , excursion à Paris pour une visite de l’Assemblée Nationale puis du Mémorial de la Shoah, et enfin, rencontre avec l'association « Les jeunes européens » pour découvrir le fonctionnement du Parlement européen et anticiper une activité du Jamboree par la simulation d'un débat sur l'espace Schengen.

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    Le matin du jeudi 16 juillet, embarquement dans un car pour le parc du Zénith à Strasbourg où se tient le Jamboree pendant une semaine..

    Là, d'immenses constructions et aménagements nous ont été bâtis par les « Compagnons » (17-20 ans) pour accueillir les quelques 15000 pionniers-caravelles présents. Dans le campement qui nous est réservé, nous devons être méthodiques pour placer dans un espace peu vaste 8 tentes et construire une grande table de 27 places ainsi que plusieurs tables à feu (l'équivalent d'une gazinière, qui fonctionne au feu de bois).

    Le lendemain, démarre véritablement le camp international et ses activités. 800 d'entre nous envahissent le Parlement, déserté par les députés européens pendant les vacances. Nous y débattons et votons des Résolutions pour l'Europe de Demain (RED) sur des sujets d'actualité sociale, environnementale...  

    Le soir venu, la première veillée à 15000 ouvre le camp. Les délégations étrangères sont accueillies par les Français : 28 pays différents, 10000 français et 5000 étrangers. A également été engagé le fil rouge de ce camp : vivre dans la sobriété (économiser l'eau et le bois) au travers d'un imaginaire extraterrestre.

    L'événement manquait certainement de piquant, c'est pourquoi l'orage commençait à s'impatienter, 35 degrés, un vent lourd et vif et des nuages menaçants qui nous fixaient. Vers deux heures du matin, il s'est exprimé avec ses comparses les bourrasques et la pluie. Le tout, mixé, donna une évacuation rapide de l'immense campement et un repli au Zénith, le plus souvent en pyjamas et caleçons. La « procession » se fit en chansons criées à tue-tête. Une magnifique ambiance et beaucoup d'entraide, pour braver la boue. 15000 dans un Zénith qui ne contient que 8000 places, nous étions un peu à l'étroit ! La nuit fut courte : 2 heures de sommeil pour les plus chanceux ! Lorsque le lendemain matin nous sommes retournés au campement, nous avons découvert un décor de cinéma catastrophe : les tentes arrachées de leurs sardines et déchirées, toutes à terre, la sonorisation tombée et cassée, des vêtements éparpillés et piétinés... Bien évidemment, la journée fut modifiée...en nuit. Et à notre grande réjouissance, la nuit a de nouveau été programmée au Zénith. Mais celle-ci fut beaucoup mieux organisée : arrivée sur les lieux vers 20h30, merveilleuse veillée, puis sommeil dans des « conditions viables » : nous avions pu apporter un duvet et un matelas.

    Ces péripéties ne nous ont pas empêchés d'aller visiter Strasbourg et de poser les pieds en Allemagne, grâce au tramway, qui devenait rouge de nos chemises et bondé comme aux heures de pointe.

    Le Jamboree n'a pas perdu sa raison d'être pour autant. Lors des veillées, nos 15000 voix se mêlaient pour entonner une multitude de chansons. Le dimanche soir, nous avons assisté à la célébration qui associait les cultes musulman, protestant, bouddhiste, juif et chrétien. Nous avons chacun allumé un cierge et rendu hommage à Medhi, pionnier qui aurait du être parmi nous mais qui s'était noyé deux jours plus tôt.

   Le jeudi matin 23 juillet, nous avons pu dire au revoir à Strasbourg, fatigués mais heureux, des souvenirs plein la tête, qui ne sont pas près de s'oublier...

    Quelques mois plus tard, lorsque nous nous retrouvons, il nous semble que l'année et le camp s'inscrivent dans cette réflexion de Baden-Powell, fondateur du scoutisme : « L'optimisme est une forme de courage qui donne confiance aux autres et mène au succès. »

    Notre projet n'aurait pas pu être réalisable, sans tous les donateurs, sans l'Association des Solex de l'Anjou qui nous a prêté main forte de nombreuses fois pour les réparations , sans nos chefs, qui ont veillé quelquefois tard pour nous, sans nos parents qui nous ont soutenus dans notre démarche et sans tous ceux qui méritent qu'on leur dise : MERCI mille fois !

Laurine CHATENOUD

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Célébration                                                          Veillée


Date de création : 28/10/2015 @ 18:03
Dernière modification : 28/10/2015 @ 18:03
Catégorie : Initiation à la vie chrétienne - Jeunes
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